jeudi 8 janvier 2009

Militaires et pouvoir

Après la Mauritanie, voici un nouveau putsch militaire en Guinée qui se déroule sous nos yeux. Pour beaucoup, c’est simplement une triste tradition africaine. Mais si l'on regarde bien, les putchs militaires sont loin d’être une spécificité du contient noir. Ces coups d’états ont une raison bien plus fondamentale.

Les militaires se considèrent comme les protecteurs du pays, son squelette et le dernier recours pour le défendre. Ce squelette est normalement enrobé de la « chaire » de la société. Comme illustré ci-dessous, celle-ci se décompose en Société civile, Classe politique et Institutions. Les problèmes rencontrés par un pays, quelque soit leur nature, devraient faire intervenir ces éléments dans cet ordre.


Lorsqu’un problème survient, il est revient d’abord à la société de le traiter. Par exemple, la montée de l’intégrisme religieux, ou de tout autre extrémisme, ainsi que des fléaux comme la corruption pourraient en théorie être traitées à ce niveau.
En cas d’échec, lorsque les acteurs de la société sont incapables de traiter un problème, les politiques s’en emparent à leur avantage. Ils tentent alors de légiférer. Le cas du voile islamique en France est un exemple : Face à l’incapacité de la société à comprendre et contenir ce phénomène, les politiques ont dû agir avec la loi de la laïcité sur les signes religieux visibles.
Enfin, lorsque le choc est d’une intensité extrême, toutes ces couches sont incapables de l’absorber, alors il touche l’os et c’est l’armée qui réagit. La fracture entre islamistes et laïcs en Algérie, ou celle entre républicains et nationalistes en Espagne sont autant d’exemples de chocs que ni la sociétés, ni les politiques on su ou pu gérer.

Ceci étant dit, on voit bien qu’il y a deux raisons pour lesquelles un « choc » peut taper dans l’os : Ou bien le choc est en effet violent, ou bien il est peu protégé, voire à nu.
Dans un pays comme la France, les couches « Société » et « Politique » sont épaisses. Ainsi, « La Grande Muette » peut se contenter d’obéir. Il fallait vraiment une guerre mondiale ou une guerre coloniale pour qu’un général (De Gaulle) prenne le pouvoir.
A l’autre extrême, un pays comme la Guinée ou la Mauritanie est très vulnérable de par son manque de tradition politique. Au moindre microbe, c’est l’os qui prend, et revoilà l’armée aux reines.

Enfin, ce n’est pas par hasard que, au bord du précipice, la Tunisie de novembre 1987 ait trouvé son « sauveur » en la personne d’un général.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

angle d'analyse très intéressant
Comme quoi, et contrairement au canon de la mode actuelle, mieux vaut pour une démocratie être bien enrobée !

Nouille, fan de barberousse