Le Maghreb contemporain est l’œuvre des fondateurs des états modernes, ces élites qui à l’indépendance, ont accédé au pouvoir façonné les états naissants selon leurs convictions. Ils ont mis les pays sur des trajectoires distinctes qui permettent d’expliquer certaines spécificités actuelles :
Cas du Maroc:
Au Maroc, l’élite qui a lutté pour l’indépendance provenait de la bourgeoise urbaine, notamment Fassi et s’organisait dans le Parti de l’Istiklal. Elle sera alliée au Roi dans la lutte pour l’indépendance. De par son origine et ses alliances, cette élite s’accommodera d’un régime monarchique et prolongera le schéma aristocratique qui la justifie et protége ses privilèges. Ceci est perceptible aujourd’hui encore.
Cas de l’Algérie :
En Algérie, l’élite qui a lutté pour l’indépendance du pays est formée de colonels révolutionnaires, meneurs d’une lutte armée. Une fois au pouvoir, cette élite a instauré un régime du type révolutionnaire et a choisi le socialisme comme doctrine. Elle a en conséquence entraîné la société dans une trajectoire de type « Russe ». Les similitudes avec ce modèle sont encore visibles aujourd’hui car, comme en Russie, les utopies égalitaristes ont cédé leur place à une libéralisation effrénée et à une concentration des richesses entre une poignée d’individus.
Cas de la Tunisie:
Enfin, dans le cas de la Tunisie, les architectes de l’indépendance provenaient des classes moyennes. Éduqués dans les écoles et universités de la république, souvent en métropole, ils s’étaient imprégnés des valeurs des lumières et fascinés par le modèle républicain.
À l’indépendance, ces élites proclameront la République et déploieront ses principes : école publique gratuite et obligatoire, égalité entre hommes et femmes, une certaine forme de laïcité (confiscation des Hbous,…) et l’émergence d’une classe moyenne.
Malgré certaines entorses et pressions, la Tunisie d’aujourd’hui est fondamentalement républicaine, à la française.