lundi 10 mars 2008

LES INQUIETS

Hier j’ai vu, au Centre Pompidou, une exposition d’artistes Moyen-orientaux (Palestiniens et Libanais) intitulée « Les Inquiets ».

Bien que prometteuse, cette exposition était fort décevante, par son contenu et son esthétique.

Parce qu’il est tellement rare que des artistes de la région accèdent à des tribunes aussi prestigieuses, il ne faut manquer aucune occasion pour faire passer des messages positifs.

Sans tomber dans la propagande, qui fait généralement l’effet inverse, ces artistes doivent exprimer la souffrance de la région au public occidental.

Plus que jamais, le front principal du conflit est médiatique et tout le monde le sait. Dans ce domaine aussi (surtout), le déséquilibre des forces est énorme...alors rater une si belle occasion est vraiment dommage !

2 commentaires:

Camille Desmoulins a dit…

bien d'accord avec toi sur cette expo...!

Anonyme a dit…

"...il ne faut manquer aucune occasion pour faire passer des messages positifs.

Sans tomber dans la propagande, qui fait généralement l’effet inverse, ces artistes doivent exprimer la souffrance de la région au public occidental."

Je ne comprends pas. Un artiste exprime ses pensées, ses sentiments. Doit-il être le porte-parole d'une communauté, d'une région ou défendre ses propres idées?
Je crois que le "public occidental" du moins français est conscient du décalage médiatique, militaire, économique et bien entendu politique dans la région. Rares ceux qui n'éprouvent pas de la sympathie pour le peuple palestinien ou ne condamnent pas l'arrogance et les crimes israéliens. Les BHL et autre finkielkraut sont bien catalogués "pro-israéliens".
Doit-on exposer des images à la sauce "reporters de guerre"/ Capa pour faire comprendre à ce public que la sympathie ne suffit pas ?

Que connaissons-nous de la souffrance de la région ? ...Des images ? Des récits ?
Avons-nous vécu une colonisation, un bombardement, une guerre civile ?

J'ai trouvé la réflexion du libanais Rabih Mroué intéressante. "Three posters" soulève la question de l'image du martyr : le martyr ( communiste, homme de gauche) comme construction médiatique et représentation dramatique.

Le détachement des photos de Ahlam Shibli contrastent avec la réalité brûlante du terrain. Les photos exposées sont dénuées de toute charge dramatique. J'ai été surpris, intrigué, gêné. Où est passée la violence ? Faut-il absolument en parler ?

C'est en lisant un article du Guardian que j'ai mieux compris l'oeuvre du photographe palestinienne :


http://arts.guardian.co.uk/critic/feature/0,,1057790,00.html#article_continue


Ces artistes ont vécu la guerre, la colonisation, la privation et la souffrance. Ils expriment une inquiétude détachée.
Un peu comme le film "Intervention Divine" d'Elias Suleiman.... de l'humour, du surréalisme pour traiter un sujet explosif.