Comme dans la plupart des pays, nous avons appris l’Histoire à travers des héros et leurs exploits. Mais l’Histoire de la Tunisie ne résume pas à Jugurta, Hannibal, et Khereddine Pacha. Elle est beaucoup plus riche et diverse. Pour illustrer cela, je vais parler des hommes d’affaires Tunisiens du 18eme siècle. Grâce à la Chéchia, produit phare de l’époque, ces héros ordinaires de l’Histoire optimisaient les ressources et les compétences du pays.
À l’époque, il y avait une demande considérable provenant de toutes les contrées de l’empire Ottoman pour ces couvre-chefs Tunisiens. Pour la servir, les entrepreneurs Tunisiens procédaient ainsi :
1 ) Ils exportaient de l’huile d’olive en Espagne
2 ) Là, ils achetaient de la laine de haute qualité
3 ) De retour en Tunisie, ils transformaient cette laine en Chéchias selon un processus manufacturier quasi-taylorien (travail de la laine, teinture, fabrication, distribution)
4) Ensuite, ils exportaient les Chéchias en Turquie d’où se faisant la distribution vers le Moyen-Orient, le Caucase et les Balkans
5 ) Enfin, ils ramenaient de Turquie diverses marchandises à revendre sur le marché local (épices, tissus, …)

Ce système ingénieux permettait de faire vivre un grand nombre de familles et combiné avec la Course, il permettait à la Tunisie de prospérer. Malheureusement, le changement des pouvoirs dans la Mer du milieu a brisé cette dynamique, aboutissant au Protectorat.
Cinquante ans après l’indépendance, les Tunisiens ont timidement retrouvé cette énergie commerçante. Il est temps de se décomplexer et d’être plus agressifs vis-à-vis de la mondialisation, en prenant l’exemple sur nos ancêtres !